•                       Comparée à l'infrastructure routière de certains pays africains, celle à Madagascar a encore un très long chemin à faire. Elle est encore au stade du sous-développement et son état confirme plus que jamais le statut de « Pays » parmi « les moins avancés » de la Grande Ile. Et pourtant, l'état des routes est parmi les grands indicateurs de développement d'un pays. Le Professeur Prud'homme l'a d'ailleurs confirmé : "La route du développement passe par le développement de la route ». De ce fait, il n’est pas étonnant de voir des véhicules de transports, dans un état lamentable, très inconfortables mais qui, sans aucun doute, sont assez costauds pour tenir tête à l’état agressif de plusieurs kilomètres de routes dans les brousses.

     

                          Quand on parle de "route", on a plusieurs définitions. Wikipédia parle de "voie terrestre (au niveau du sol ou sur viaduc) aménagée pour permettre la circulation de véhicules à roues. Le mot « route » dérive du latin rupta (via), « voie rompue », « voie frayée » , par substantivation au féminin du participe passé rupta de rumpere « rompre » (rumpere viam = ouvrir une route). Mais d'autres définitions plus modernes sont disponibles . Certains la définissent alors comme " une voie de communication (une voie terrestre) qui permet le développement des transports qui à leur tour favorisent la réduction des distances entre les lieux, entre les producteurs et les consommateurs".

     

                            Route et histoire :

                           

    Selon l’histoire, routes et moyens de transports sont étroitement liés. Les premières routes sont liées à l'invention de la roue, du char et des chariots. On a tous entendu parler de la fameuse « route de la soie » reliant d'Est en Ouest la Chine à la Méditerranée- est un axe commercial très ancien. Les Romains développent le premier grand réseau routier pavé par des esclaves. La plupart de ces voies romaines existent toujours ou ont inspiré le tracé de nos routes modernes. Depuis toujours, les routes ont besoin d’entretien. Celle-ci était alors assurée par la corvée, l'impôt en nature, de prestations imposées de travail ou d'apports de matériaux. Le premier rouleau compresseur apparait vers 1836. Le concasseur est mis au point en 1858, et le cylindre compresseur à vapeur en 1859.

     

                         Au début du XXe siècle, avec l'essor du trafic automobile mais aussi avec le développement de la bicyclette, qui avait besoin de chaussées de meilleure qualité, ces dernières, préalablement tassées au rouleau compresseur, sont revêtues de goudrons, de pavés bitumineux ou d'asphalte. L'État ou l'autorité locale, qui est chargé de la construction et de l'entretien de routes, trottoirs et caniveaux qui lui appartiennent, tente souvent d'en reporter la responsabilité sur les riverains. Le goudronnage des routes est demandé en France dès 1901 pour se protéger de la poussière soulevée par les voitures.

     

                            L’histoire des routes à Madagascar :

     

                            Avant 1895, Madagascar n'avait de routes que de simples sentiers, ne répondant à aucune règle, à aucune norme, de véritables sentiers pour piétons. Au temps de la royauté, les souverains n’étaient point en faveur de la construction de route car ils craignaient que l'existence d'un réseau de voies de communication ne favorise la pénétration étrangère. Le portage à dos d'homme suffisait alors pour développer les échanges commerciaux. A partir de 1896, l'Administration française met en place les premières voies de communication routières malgaches en instituant les premières routes à Madagascar.

     

                            Les premiers jalons de la route reliant Mahajanga à Antananarivo étaient alors posés mais le projet n’a pas abouti, faute de mains d’œuvres. C'est par les pistes, avec des convois muletiers que les troupes françaises arrivèrent à Antananarivo. Par la suite, cette idée d'une route entre Mahajanga et Antananarivo a été abandonnée au profit de la voie navigable à travers la Betsiboka. La première route malgache était celle de l’Est. Un sentier destiné essentiellement à faciliter les échanges commerciaux entre Antananarivo et la côte Est a été établi entre Mahatsara et Antananarivo. Il s’agit d'une route longue de 250 km, d’une largeur de chaussée de 5 mètres entre les deux fossés et aura coûté à l'époque 14.000.000 de francs. Ayant commencé vers la fin 1897, les travaux ont été livré à la circulation en janvier 1901.

     

                            Parallèlement, en juin 1897, les premiers coups de pioche pour la construction d'une piste praticable entre Maevatanana et Antananarivo ont été effectués. L’axe reliant Majunga à Antananarivo grandit vite en importance, étant un débouché naturel du versant occidental de l'Ile sur le Canal de Mozambique. La construction proprement dite de la route Antananarivo-Mahajanga aura coûté la somme de 3.000.000 de francs.

     

                              Routes et géographie :

     

                              Routes et relief ont des liens. Des caractéristiques du relief dépendent les formes de routes possibles dans un pays (plateaux, plaines, vallées, cours d'eau)…. Il en est de même pour le climat, car les variations climatiques ont un sérieux impact sur les routes : humidité dans les zones continentales, variation de températures moyennes en période de chaleur, cumuls pluviométriques, sécheresse,… Même la végétation et l'hydrographie sont étroitement liés avec la route car non seulement il y a des végétations qui limitent les dégâts d'érosion mais la plupart des ponts sont également le fait de la présence de cours d'eau. Les routes et le cadre humain : Les routes permettent la libre circulation des hommes. Grâce à elle, l'émigration est possible. Dans nombreuses régions, les populations seraient venues d'ailleurs pour la majorité. On assiste à la fois à l'urbanisation et à la rurbanisation. La libre circulation des hommes sous entend également libre circulation des ethnies, des langues et des religions. Les émigrés s'intègrent au milieu culturel de la région et malgré toutes les différences, les peuples partagent la même culture.

     

                               Les routes et les activités économiques :

     

                               La survie des activités économiques et même des populations dépend essentiellement de l'existence de voies de communication adéquates. Comme la clientèle n’est pas seulement la population locale, les routes sont d’une importance pour assurer le développement socioéconomique. Elles permettent le transfert et l’acheminement en vue d’une commercialisation des cultures vivrières, des produits issus de la cueillette (bois de chauffe et d'œuvre, fruits sauvages, produits de pêches dans les régions poissonneuses) transportés par camion vers d’autres localités pour être vendus.

     

                             Les routes sont aussi nécessaires pour la circulation des animaux. Les troupeaux de bovins font des kilomètres pour rejoindre les grandes villes où se trouvent les abattoirs. Pour ce qui est du commerce, les routes contribuent principalement à la dynamisation des activités commerciales modernes. Une activité qui fait vivre beaucoup de familles. Grâce aux routes, les produits d'exportation (Vanilles, girofles, café, litchis, pois de cap, ) sont alors acheminés par camion vers les villes pour être vendus ou les grandes villes où se trouvent les ports et aéroports pour être exportés. En retour, les régions reçoivent des marchandises diverses (matériaux de construction, denrées et autres produits de consommation courante) sous forme d'importations.

     

                                  Ma découverte des routes de Madagascar :

                                  Je me souviens de mon dernier voyage dans le Sava. C’était en 2010. Alors que nous allions visiter des plantations à Ambanja, nous avions dû traverser des kilomètres de pistes secondaires, des pistes très poussiéreuses le long desquelles nous avons croisé au moins une dizaine de vieilles 404 bâchées qui servaient de taxi-brousses dans ces régions lointaines et à l’intérieur desquelles se pliaient comme des sardines des passagers. Parallèlement, les routes principales, celles reliant les grandes villes de Madagascar sont goudronnées et sont "apparemment" en bon état. Les routes secondaires quant à elles, sont plus ou moins accessibles en temps normal mais se transforment en pistes généralement inaccessibles pendant la saison de pluie. Dans ce dernier cas, il faut prévoir quelques heures voire plusieurs heures pour parcourir quelques kilomètres.

     

                                   Je me souviens également de mon dernier voyage dans la Région Vatovavy Fitovinany l'année dernière, en 2013. A cause de nombreux éboulements, suite au passage d'un cyclone, nous avions dû mettre deux heures 15 minutes pour faire une portion de 50 km pour aller à Manakara, alors que la vitesse normale est de 50km/ h. Nous avions du ralentir et être très prudents. Il y a 11 ans, mon rôle de Chargée de communication et d’Attachée de Presse à la Vice-Primature, Ministère des Transports et des Travaux Publics m’a permis de me rendre compte , 3 ans durant, de l’état lamentable des infrastructures routières malgaches. A époque, j’étais chargée d’emmener presque tous les mois une quinzaine de journalistes nationaux pour voir de visu les états de routes de notre pays. Nous nous sommes également, souvent déplacés en région pour procéder aux diverses cérémonies de pose de première pierre (Antsohihy); inauguration de nouvelles routes et de nouvelles infrastructures comme le nouveau pont de Fatihita, le pont réhabilité d’Ambohimandroso qui ont été dynamité lors de la crise politique en 2001 ; et enfin pour assister aux multiples réceptions techniques et provisoires.

     

                                    C’était une grande aventure qui a duré 3 ans, qui m’a permis de connaitre non seulement l’état des routes malgaches, de mesurer les efforts qui restent encore à deployer dans ce domaine pour les années à venir si Madagascar veut vraiment relancer son économie mais a surtout constitué une grande opportunité pour moi de visiter et de connaitre un nombre assez important des régions de Madagascar...


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  •                         Des hommes, des femmes, des jeunes, une population active et très travailleuse -Une biodiversité unique au monde : des espèces animales et végétales qui n'existent qu'à Madagascar -Des ressources minières, souterraines et marines (5700km de côtes) Ce sont autant de potentialités la troisième plus grande Ile au monde : Madagascar. Toutefois, depuis son indépendance en 1960, La Grande Ile n’a pas pu réaliser son décollage économique. A cette époque pourtant, comparé aux autres pays d’Afrique, Madagascar avait tout pour s'en sortir : une élite instruite, des institutions fortes, de bonnes infrastructures et un revenu par tête supérieur à la moyenne des pays en développement 43 ans plus tard, Madagascar est parmi les pays les plus pauvres au monde (86% des pauvres vivent en milieu rural.

     

                             L'inflation a été maitrisée grâce a une politique budgétaire et monétaire restrictive. Le secteur social souffre d’insuffisance de ressources. La malnutrition maternelle et infantile est très élevée malnutrition chronique des enfants 50%, la mortalité maternelle et infantile également élevée 10 femmes par jour meurent lors de l’accouchement - plus d’une centaine d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour, inaccessibilité des services sociaux(CSB, Hôpitaux, EPP, Collèges et lycées), la défécation à l’air libre touche une bonne partie des malgaches (50%. Parallèlement, le taux de satisfaction se dégrade : l'utilisation des CSB diminue et la consultation prénatale régresse.

     

                            Sont citées comme étant à l'origine de ces défaillances : la mauvaise gouvernance, la faiblesse des institutions et des mécanismes participatifs au niveau économique et politique, et surtout l’absence de garde-fous pour les détenteurs du pouvoir politiques et financier et enfin le manque d’une approche territoriale dans la planification de développement.

     

                            En terme de croissance et de création d’emploi, depuis 1990, Madagascar a fondé sa croissance sur l’amélioration de la productivité agricole et sur une industri alisation dopée par les exportations, et récemment par l’exploitation des gisements miniers ( à travers l'opérationnalisation des grands projets comme Ambatovy et QMM).

     

                             Malgré des reformes entreprises au cours des dix dernières années les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes. Les enjeux sont nombreux : la gouvernance et la sécurité, le climat des affaires, la création d’emploi, la mise en place d’une vrai politique industrielle, l'amélioration du déficit énergique, et la faiblesse de la connectivité aux marches Infrastructure, port..

     

                             Mais les enjeux à court terme sont : *l’amélioration de la sécurité *la réduction de la pauvreté *la contribution à la croissance *pour la création d’emploi : la gouvernance et le climat des affaires (l’exemple des petits exploitants qui souffrent de décision imprévisible) *le développement du transport aérien dans le secteur touristique, *la gestion efficace des revenus issus de ces ressources naturelles, l'amélioration et renforcement de la synergie entre les grands projets miniers et l’industrie locale (Tourisme, Agro-alimentaire et autres industrie....)

     

                             La politique de croissance économique du pays doit tenir compte de la gestion de l’environnement Parmi les secteurs prioritaires figurent l ’agriculture, l'industrie minière et touristique. Pour l'agriculture, le défi est l’amélioration de la productivité. Quant à l'Industrie minière et touristique, elle pourra jouer un rôle très important pour la relance économique du pays. Dans le domaine environnemental, depuis 1990, nous avons assisté à la création d’institutions de gestion, de financement et de surveillance de l’environnement, de création d’un réseau d’aires protégées, de création de plus de 1000 associations, et de lancement d'actions de sensibilisation sur l’importance de l’environnement. La vitesse de déforestation a diminué par quatre en vingt ans Les nouveaux défis majeurs sont tels que : amélioration de la gouvernance de l’environnement, amélioration des textes sur l’environnement. Le changement climatique introduit de nouveaux défis pour Madagascar et doit être une préoccupation majeure à court terme étant donne la vulnérabilité de Madagascar Trois problèmes importants sont à résoudre dont la perturbation des calendriers agricoles, les cyclones et les sécheresses prolongées (dans le sud et l’ouest du pays surtout)Mais l’invasion acridienne est aussi à maitriser

     

                                   Le Bilan est lourd. Pas de décollage économique et une pauvreté chronique Les raisons majeures étaient déjà citées ci dessus notamment la mauvaise gouvernance et l'insuffisance de la croissance économique mais à cela s'ajouteraient le manque d’emploi décent et productif et la faiblesse de la redistribution

     

                                    Pour la mauvaise Gouvernance, on constate une forte centralisation des pouvoirs politiques administratifs, économiques et financiers ; une faiblesse des institutions politiques, démocratiques et économiques et absence/faiblesse de mécanisme participatif (décentralisation, institution de partenariat public-prive, gestion non transparente des ressources publiques ; une non-application des lois, des obligations des moyens mais pas des résultats et enfin une absence d’une planification de politique de développement coordonnée, cohérente et lisible dans la durée

     

                                     Quant à l'insuffisance de la croissance économique, la structure économique est inchangée. Le climat des affaires est non suffisamment incitatif pour le développement réel et effectif du secteur privé créateur de richesse dans tous les secteurs de l’économie. Insécurité, Corruption, lourdeur administratif.... Les infrastructures sont insuffisantes et faibles : énergie, routes, ports transport, induisant des couts logistiques important pour l’accès aux marchés. Les capacités(technique, gestion..) et la productivité des ressources humaines sont très faibles, il en est de même pour le niveau d’instruction.Les différentes politiques publiques sont incohérente et le financement manque cruellement. La troisième raison est le manque d’emploi décent et productif. Ainsi le taux de croissance de la population est de 3% en moyenne, la population est ainsi sous employée. L'urbanisation a introduit dans le marché du travail aussi bien urbain que rural, un exode massif qui crée une économie informelle et des emplois précaires pauvres en productivité dans la périphérie des grandes villes (9 travailleurs sur 10). On note une absence de cadre et de processus qui donnent naissance à des activités nouvelles plus productives et par lequel les ressources se réorientent des activités traditionnelles vers des activités nouvelles. Les politiques publiques sont incohérentes pour la transformation structurelle pour augmenter la productivité en général et dans le secteur agricole en particulier. Et enfin, il y a une grande inadéquation formation / emploi.

     

                                Enfin, pour ce qui concerne la faiblesse de la redistribution. Les dépenses en faveur des secteurs sociaux restent faibles, en lien avec le faible niveau de mobilisation des ressources internes et le secteur social souffre surtout d’insuffisance de ressources. La responsabilité de tout citoyen et gouvernants responsables est donc de mettre fin a tous ces facteurs qui ont contribué à cette pauvreté chronique et de commencer à mettre les bases d’un développement social et économique inclusif respectant l’environnement dans un contexte de paix et justice.


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